AFCP 2
Démission d'Aline Lizotte
L’Association pour la Formation Chrétienne de la Personne (AFCP), patronnée à l’origine par l’évêque du Mans et basée à Solesmes, s’est trouvée pendant fort longtemps remise entre les mains d’une seule personne, Anne LIZOTTE.
Suite à une visite canonique, début juin 2022, il lui est demandé de se démettre de de sa fonction de modératrice générale.
Cette association multipliait des sessions dites « Didachè » traitant des sujets relatifs à l’amour, la sexualité, la vie conjugale et la vie chrétienne, s'adressant à des couples, des fiancés, des personnes consacrées et aux personnes voulant elles-mêmes devenir "accompagnateurs". Ces sessions de formation pouvaient favoriser et aboutir, pour certains, à des accompagnements individuels, assurés par des personnes n'ayant pas forcément les compétences spécifiques requises.
Se pose alors la question de l'opportunité des accompagnements dans un milieu explicitement dédié à la formation catholique et où le corps enseignant est mandaté pour promulguer des vérités divines. Autrement dit : le dogme et la relation d'aide, font-ils bon ménage ?
Premièrement il importe de faire la distinction entre les différents domaines de compétence : le docteur en philosophie n'est pas automatiquement compétent en psychologie, ni le théologien expert en sexologie. C'est évidemment chose possible mais cela ne va pas de soi. Le canoniste, non plus, n'est pas ipso facto conseiller conjugal. On pourrait même aisément supposer qu’une approche dogmatique des difficultés conjugaux contribue à exacerber les souffrances déjà ressenties si le dogmatisme prend le pas sur la liberté de conscience. Pour réussir un accompagnement il vaut mieux avoir reçu la formation adéquat mais, comme pour tout métier de soins, la formation est insuffisant. Le praticien doit être capable d'écoute, de compréhension et pourvu d'un minimum d'empathie.
Vu la nature intime des sujets abordés pendant ces accompagnements, le risque d’interventionnisme dans le for intérieur des personnes est très important.
Le traitement de sujets qui concernent l'intimité des couples par des prétendus « experts » affirmant vouloir « renouveler le discours sur la sexualité » appelle déjà à une prudence absolue.
L’Institut Karol Vojtyla et la SRP
Aline LIZOTTE avait lancé en 2012 un projet très ambitieux, l’Institut Karol Vojtyla, avec un campus sur un terrain de 1,5 hectare pour former plus d’étudiants et créer un « laboratoire de recherche sur la personne humaine » ( ?), former des accompagnateurs sur 4 ans, créer un partenariat avec l’Université catholique d’Angers, etc…
Fait important : L’AFCP est de droit diocésain et est reconnue « association publique de fidèles » selon le droit canon, ce qui lui donne autorité pour s’exprimer au nom de l’Eglise, ce qui est toujours dangereux quand, en réalité, l’orientation majeure du contenu enseigné se trouve entre les mains d’une seule personne.
Pour être membre actif de l’association il faut être accepté par la modératrice et avoir « une vie spirituelle solide ». On peut se demander sur quelles bases objectives cette cooptation reposait réellement.
D'autre part Aline LIZOTTE a créé son propre blog, aux allures d'un organe de presse, la SRP.
Visite canonique
Suite à une visite canonique, Aline Lizotte a dû remettre début juin 2022 sa démission de modératrice générale l’AFCP, mais elle en est toujours membre et elle continue à enseigner dans l’Institut Karol Vojtyla et poursuit également ses activités de blogeuse.
Les conclusions de la visite canonique n'ayant pas été publiés, à part les énigmatiques "problèmes de gouvernement" évoqués par Mgr Le Saux. Nous ne savons toujours pas pourquoi Mme Lizotte a du démissionner. Par précaution donc, nous ne pouvons pas recommander une inscription aux sessions proposées par ces organismes.
Nous notons également que, depuis le rescrit du 15 juin 2022 signé par le pape François, la reconnaissance d’une association publique de fidèles ne peut plus être simplement épiscopale mais doit désormais être décernée par l’autorité vaticane.
Dans le cas précis qui nous intéresse ici, tout laisse à penser que si ce rescrit avait déjà été promulgué, empêchant l'évêque de son propre chef de conférer le statut d'association publique de fidèles, l’AFCP aurait fait l’objet de contrôles plus strictes.