nous avions ecrit (suite...)

§1

Après lecture de témoignages et gestes symboliques posés par les représentants de ces victimes, Mgr d’Ornellas a dit une homélie.
Nous avons pu recevoir copie de cette homélie. Nous la reproduisons par ailleurs dans son entier annexe. Par là nous satisfaisons aussi à la demande insistante d’amis de l’Arche.
Cette homélie rend bien compte de la portée de cette cérémonie et des ses intentions. A savoir reconnaître les abus du Père Philippe et demander pardon pour ces abus, d’une part, et fortifier l’Arche et son « unité », d’autre part.
L’homélie s’ouvre sur une citation de Paul :
« Rien ne nous séparera de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 8,39) 
Et s’achève, d’une façon un peu ambiguë, sur une citation de Thérèse de l’Enfant Jésus, prise dans la nuit de la foi : : « C’est la confiance, et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour. » (Lettre du 17 septembre 1896).

homélie de Mgr d’Ornellas : Téléchargement cliquez ici

§2

L’ambiguïté tient au fait que, dans le contexte de l’homélie, on ne sait trop à qui doit s’adresser la confiance, impératif pris aux lèvres de la sainte. On est alors en effet, sur la partie finale, sur un développement sur la grandeur de l’Arche :
« Autant que je puis le savoir, il me semble que, depuis le début, l’Arche, grâce à sa dimension œcuménique et interreligieuse, a grandi dans l’unité au point d’être une grande famille et de se reconnaître comme telle. L’alliance avec le pauvre, dans la personne porteuse de handicaps, est source de son unité, exactement comme l’alliance de Dieu avec le plus petit, avec le dernier, avec le plus pauvre et le plus malheureux, est dans toute la Bible source d’unité pour l’humanité. Aujourd’hui, l’Arche connaît une belle maturité et elle découvre en elle du mal qui a été commis, du mal extrêmement douloureux, du mal injuste. Certes, si cette maturité existe, des progrès sont encore à faire.
Mais aujourd’hui, en l’étape que nous vivons, je prie Dieu et, tous ensemble, humblement, prions-Le, Lui qui est infiniment bon, afin que le drame du père Thomas face auquel nous sommes et qui s’est révélé en 2014, au moment où l’Arche célébrait son 50ème anniversaire, ne soit pas aujourd’hui une source de divisions dans l’Arche.
Implorons la miséricorde divine pour le père Thomas et pour tous ceux qui ont trahi leur sacerdoce reçu dans l’Église catholique. »
(Mgr d’Ornellas, Homélie de la messe du – Avril 2017 à l’Arche).
Puis l’homélie, que nous reproduisons par ailleurs, revient à la nécessité de l’Arche et de la préserver dans l’unité.
La confiance, donnée à Dieu dans la citation, est à donner donc à l’institution Arche dont son haut représentant ecclésial se fait le garant. 

§3

Est-il question une fois seulement de réparation ?

Aucune mention n’est faite dans cette homélie ni aucune parole dans cette cérémonie qui envisagent une réparation envers les victimes.
La demande de pardon, au cœur de l’homélie, semble suffire à tout et n’implique aucunement la responsabilité d’une hiérarchie qui s’applique à se dire en totale découverte, depuis 2014, de ces faits scandaleux, et affirme (toujours dans l’homélie) avoir pris les choses aussitôt en main.
Il faut pourtant se rendre compte du courage qu’il a fallu aux victimes pour rendre public leur témoignage, affrontant les réactions de l’Arche, de l’Eglise, et se fragilisant par rapport à leurs proches. Une telle publication aurait-elle été nécessaire s’il y avait vraiment eu « écoute » ? Dire que l’écoute est de l’essence de l’Arche, n’est-ce pas alors accuser l’Arche d’avoir trahi son essence en n’écoutant pas ses victimes ?
Il nous semble que les mots ne peuvent suffire, et que ce n'est pas aux responsables de s'affranchir de toute réparation envers les victimes. Les maux ont été conséquents (les témoignages seuls communiqués dans la cérémonie suffisent à le dire), et il n'est pas bon de se reposer sur la gêne des victimes à demander justice. Renvoyer au besoin supérieur de l’unité de l’Arche de par sa sainteté (« Recevons cette grâce de discerner ce bien, cette petite bonté qui s’accomplit quotidiennement dans l’Arche et par l’Arche, et de savoir en dire merci. ») est une incitation à noyer toute revendication de justice. La justice implique la réparation et c'est à la victime seule d'en affranchir par sa propre disposition les responsables.
C'est un point crucial, qui fait suivre un autre point.
Aucune victime des agissements du père Thomas Philippe ne nous a demandé, pas même celles ayant témoigné sur notre site, de relayer cette homélie ni le fait de cette cérémonie. C’est peut-être que ces mots ne coûtent rien à ceux qui les ont proférés. Ne coûtent rien, même, au sens proprement pécunier. 

§4

Peut-on s'en tirer par une homélie ?

La charité, avant de s’adresser aux bourreaux, ce sont des actes qui relèvent les victimes autant que faire se peut. La justice est la première charité.
On peut tout à fait entendre que des victimes puissent se contenter d'une reconnaissance des faits, quand elles ont pu se reconstruire, mais, encore une fois, ce sont à elles de s'en contenter une fois seulement qu'une réparation concrète est proposée.
 
Il ne faudrait pas que les victimes n’aient que le choix, posé par cet homélie, de la sortie, souvent assimilée à une trahison, ou de rester en oubliant toute justice pour le bien des autres (et de l’institution).
 
Disant ces mots, et quoique nous ayons reçu depuis des témoignages de personnes qui se plaignent du sort des aidants, ainsi que de l’encadrement des accompagnants, nous ne portons pas ici de critique sur des déviances dans l’Arche.
Il s’agit seulement d’être précis sur la résolution d’une question grave et complexe.

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