Communauté des Béatitudes

Avant propos

Nous  écrivions en février 2023 l’avant-propos suivant :

Plusieurs articles parus en janvier 2023 dans la presse catholique française ont remis sur le devant de la scène la communauté des BÉATITUDES, que certains croyaient « réformée » ou que d’autres feignaient de croire remise en ordre, après les violents désordres et scandales qui l’avaient frappée au début des années 2000. Les récentes enquêtes journalistiques menées de façon impartiale ont pu démontrer que des protections complices à haut niveau de responsables ecclésiaux ont permis à d’anciens responsables, soit de revenir aux commandes, soit de trouver refuge ailleurs, notamment dans le diocèse de Toulon, en modifiant leur identité.

Depuis lors la situation a bien évolué :

 En novembre 2023 il est encore question des BÉATITUDES dans la Presse. En effet l’Eglise de France a créé un Tribunal Pénal Canonique National et il se fait que trois diocèses ont porté plainte contre cette communauté auprès de ce nouveau Tribunal, qu’une enquête canonique est en cours et que la célébration du cinquantenaire des BÉATITUDES, loin de pacifier les esprits, a favorisé la résurgence de tout un passé qui est lié à une « culture de l’abus ». Les paroles se libèrent sur des drames que l’on aurait cru oubliés ou plutôt étouffés. C’est dans cette confusion que les Béatitudes ont tenu leur Assemblée Générale au moment de la Toussaint et il a été décidé, pour six mois au moins, de surseoir à l’élection de nouveaux dirigeants. Un CAV (Comité d’Aide aux Victimes) créé à l’initiative d’une ancienne adepte est en train de voir le jour tandis que le procureur du Tribunal Pénal que nous venons de mentionner a lancé un appel aux victimes pour qu’elles se manifestent.

Novembre 2023, nouveau rebond :

Suite aux articles parus dans La Croix qui ont relancé le débat la congrégation ne peut plus se dérober face à ses responsabilités et à son histoire. La Conférence des Evêques  a missionné l’historien Tangi CAVALIN pour enquêter  et documenter l’influence des frères PHILIPPE dans l’Eglise de France.
Ce travail sera mené de façon indépendante et il est probable que de nouvelles révélations surgiront. C’est toute une période de l’histoire ecclésiale dans la seconde moitié du siècle passé qui sera revisitée.


Présentation du mouvement

Les Béatitudes est une communauté catholique née en France en 1973 sous le nom de « Communauté du Lion de Juda et de l’Agneau immolé ». Elle est reconnue alors association publique de fidèles de droit diocésain par l’évêque d’Albi qui ordonne diacre en 1978 son fondateur, Gérard Croissant («  frère Ephraïm »). Ce dernier manœuvre astucieusement et sa communauté est reconnue en 2002 de droit pontifical. En 1987 elle a pris le nom de « Communauté des Béatitudes ».

Fin 2008, Rome a toutefois suspendu le processus de reconnaissance de cette communauté par le Conseil pontifical pour les laïcs, la renvoyant à l'autorité diocésaine et au Dicastère romain chargé des religieux, exigeant entre autres en raison de scandales répétés, l’abandon de la mixité, et la clarification  les différents statuts : religieux, consacrés, laïcs (célibataires et familles).

Située dans la mouvance du renouveau charismatique, la communauté rassemblait jusqu'alors, au sein de groupes locaux, des états de vie divers partageant offices et prières du temps liturgique. Mais il en est résulté de graves confusions. Dans certaines maisons avaient lieu des séances d'accompagnement de psychothérapie pratiquée de façon sauvage.
Malgré ces débordements elle a réussi à rassembler près de 800 personnes (175 religieux, 269 religieuses et plus de 300 laïcs) et est présente dans 27 pays. En France elle dispose d’une quinzaine d’implantations en raison d’un laisser-aller que l’on pourrait assimiler à de la complicité. 

Les scandales

Ces dernières années, la communauté a été l’objet de plaintes en justice et un frère nommé Pierre Etienne Albert a été jugé pour agressions sexuelles et condamné à 5 ans de prison.
L’alerte avait été donnée dès 1998 aux autorités religieuses. La plainte déposée en 2003 par une jeune femme vient confirmer les dires.

Des suicides en cascade de jeunes sont enregistrés au lycée privé d’Autrey en 2008. 

La Miviludes avait également saisi le préfet de Haute-Garonne pour vérifier la légalité du travail bénévole. Depuis le début de l'année 2009, les Béatitudes sont entrées dans une phase de turbulence pendant que la justice tentait de faire la lumière sur les plaintes reçues. Le frère Pierre-Etienne avait en effet reconnu avoir agressé plus de 50 mineurs âgés de 5 à 13 ans entre 1985 et 2000.

Après cette succession de scandales, le fondateur frère Ephraïm jugé pour fautes graves en matière sexuelle a été relevé du ministère diaconal et enjoint de quitter la Communauté en 2008. Philippe Madre (modérateur général) à la suite de plaintes déposées contre lui (sexuelles) fut jugé de fautes moralement graves, renvoyé de l'état clérical en 2010. Un commissaire pontifical a été nommé en 2010 pour refonder les statuts. Mais il n’a pas pu refonder les personnes. De façon sibylline le dossier de presse publié en janvier 2012 mentionne : «  La Communauté des Béatitudes a traversé ces dernières années des moments difficiles, liés à une croissance antérieure rapide et insuffisamment mûrie ».
En fait, c’est la même année (septembre 2012) que le CCMM, Centre Contre les Manipulations Mentales publie le « Livre noir de l’emprise psycho-spirituelle » qui vise la communauté. 

Situation récente

Après une période de relative discrétion imposée par ces événements, les Béatitudes tentent de refaire surface. Ainsi on voit le médecin Bernard DUBOIS qui fut initiateur des retraites AGAPE en 2001 intervenir à nouveau à Nouan-le -Fuzelier dans des sessions dites thérésiennes.

Ces retraites ont été épinglées dans le livre noir déjà nommé et ont fait l’objet d’une mise en garde au niveau de l’épiscopat (service « Pastorale Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires ») car l’agapèthérapie est une pratique psycho-spirituelle très discutable.

« La Communauté des Béatitudes a traversé ces dernières années des moments difficiles,
liés à une croissance antérieure rapide et insuffisamment mûrie ».
Extrait du dossier de Presse de janvier 2012.

« L’impossibilité pour la communauté des Béatitudes à se réformer par elle-même » 

Un groupe d’opposition s’était maintenu à l’abbaye de Bonnecombe avec Murielle Gauthier, ancienne victime, et le père Tison qui déclarait dans un Livre noir de l’emprise psycho-spirituelle publié par le CCMM, ( Centre contre les Manipulations Mentales ), en septembre 2012 : « j’ai constaté bien des abus dans le comportement de mes supérieurs. J’en ai conclu à l’impossibilité pour la communauté des Béatitudes à se réformer par elle-même ».

Présence 

Toutefois la Communauté est présente sur les cinq continents dont plusieurs pays européens. En France elle affirme une présence à Lourdes et Lisieux et se maintient à l’abbaye Saint Martin du Canigou, haut lieu du diocèse de Perpignan, ainsi qu’à divers endroits. Depuis trente ans les Béatitudes sont installées à côté de Toulouse à Blagnac. 
La communauté aurait annexé ce couvent en profitant de l’âge des dominicaines qui en étaient propriétaires et cela dans des conditions d’occupation des lieux dont auraient souffert ces religieuses. Pour cela, la communauté aurait été soutenue par les Dominicains de Toulouse et il ne serait pas certain que les Dominicaines, elles, auraient vraiment eu le choix. Ce couvent de Blagnac est le siège du gouvernement général de la Communauté et de ses services administratifs, ainsi que le siège de l’ONG Alliances Internationales.
Elle est aussi présente en Afrique devenue son nouveau terrain de recrutement.

« Sous emprise » paru dans La Croix - L'Hebdo

La Croix-L'Hebdo


En janvier 2023, Mikael Corre dans l’hebdomadaire La Croix-L’Hebdo rapporte de nouveaux témoignages de violences sexuelles présumés pendant la période entre 1988 et 2007 à Autrey. Dix cas au moins sont répertoriés et, même s’il y a prescription juridique, la déflagration est énorme. L’affaire pourrait revêtir un côté rocambolesque si elle n’était tragique : ainsi la presse révèle le cas d’un abuseur identifié à Autrey qui aurait changé de nom pour se mettre à l’abri dans un monastère dans le diocèse de Toulon. Une autre, après avoir été écarté, serait revenu dans le mouvement en 2015 et y aurait été élu à un poste de responsable élevé correspondant au « numéro deux » dans une organisation.

> Pour plus d'informations Cf. le dossier  « Sous emprise » paru dans La Croix - L'Hebdo  page 21

Quelques critères d’appréciation 

Argent : À notre connaissance les comptes ne sont pas publiés.

Statuts : Un nouveau statut canonique a été appliqué par les autorités ecclésiales aux Béatitudes. D’abord la communauté qui était association de fidèles de droit diocésain, par un lobbying réussi, est devenue association de droit pontifical, autrement dit directement dépendante d’un Dicastère de la curie romaine, position confortable qui permet d’éviter certains contrôles.

Ensuite, comme elle posait des problèmes inextricables avec la mixité des consacrés, hommes et femmes, doublée de la mixité des états de vie, des laïcs, couples et célibataires et des consacrés, on lui a inventé un nouveau statut canonique sur mesure pratiqué nulle part ailleurs à notre connaissance, qui s’appelle la « famille ecclésiale de vie consacrée », statut concocté au niveau du diocèse de Toulouse par Mgr Le Gall et le Frère H. Donneaud dominicain et commissaire pontifical. Par euphémisme la communauté appelle cela « communion des états de vie ». 

Mais nous avons bien dit qu’un changement de statuts ne garantit pas une évolution des mentalités surtout quand des « revenants » jadis écartés sont à nouveau présents.

Idéologie et liturgie : Pas de changements significatifs. La communauté affirme vivre une expérience de pentecôte. La pratique de danses israéliennes dans les célébrations est maintenue.

Vocabulaire et discours pratiqué : Saisie par la réalité eschatologique suscitée en son sein par l’effusion du Saint Esprit, fascinée par la perfection du monde à venir, la Communauté « gémit et soupire avec la création tout entière dans une prière incessante et vigilante ». « Elle aspire à la Pâque commune avec Israël, et à la manifestation glorieuse de l’Agneau qui nous établira dans le shabbat définitif qu’est le royaume qui vient ».

D’anciens membres de la communauté se sont exprimés :

Solweig ELY,
ancienne victime a écrit « Le silence et la honte » publié chez Michel Lafon. Abusée très jeune et de façon répétée par Pierre-Etienne Albert, elle vivait avec ses parents dans la Communauté. Plus tard son père se suicidera.


Pascal MICHELENA
a publié en 2007 aux éditions Golias « Les Marchands d’âme », sous-titré « enquête au cœur des Béatitudes ; les thérapies chrétiennes en question ». Avec son épouse Myriam et leurs enfants, il s’était engagé à fond dans cette communauté et ils en ont beaucoup souffert. Ils furent le seul couple ayant osé porter plainte en 2005 pour « abus de faiblesse et escroquerie », ayant déclaré publiquement avoir perdu leurs économies du fait de leur vie communautaire. Ils furent déboutés car les faits étaient prescrits.



Nicolas Le Port-Letexier,  
> Témoignage d'un ancien élève du cours Agnès-de-Langeac à Autrey

« Aujourd'hui, j’enterre des amis. »




Prendre conscience

Choquée par une déclaration publique du prêtre assistant général de la communauté des Béatitudes
sur une chaîne de télévision, Myriam MICHELENA-MARTIN s’est à nouveau exprimée dans une lettre ouverte sur les conditions de son séjour aux Béatitudes. Nous en publions un extrait dans une autre rubrique de notre site prendre conscience, dans le menu « RÉPONSES » ou en suivant ce lien : > Prendre Conscience



On pourra également se reporter utilement sur les sites suivants :

Sur le site L'Envers du décors 

> https://www.lenversdudecor.org/-Ephraim-.html


Sur Youtube « Dans l’enfer des Béatitudes »  (2020) : 

> https://youtu.be/_y58syiFEG4 
 

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