Fraternité sacerdotal saint Pie X

On aurait pu penser que, une fois pour toutes, les faits nous donneraient raison en 2019 après la publication de notre Livre Noir.
 
Mais cinq années plus tard nos soupçons ont été non seulement vérifiés, mais renforcés par de nouvelles affaires que ce soit au Gabon où une enquête journalistique sur l’abus d’enfants a bien été diligentée, ou encore plus près de nous en France ( procès à la cour d’Assises à la Roche sur Yon ), mais aussi des affaires de pédocriminalité à Whanganui en Nouvelle Zélande. Pour bien enfoncer le clou c’est en tout début d’année 2024 que le très sérieux journal suisse LE TEMPS a sorti une enquête à charge approfondie reprise par des agences de presse internationale, ce qui lui a permis de faire le tour du monde. L’onde sismique a été fortement ressentie en Suisse où la Fraternité installée à Ecône, que l’on fût ou non d’accord avec elle, jouissait malgré tout d’une certaine notoriété et prenait soin d’entretenir une image de sérieux.

C’est bien problématique désormais.
Josselin TRICOU, sociologue des religions réputé de l’Université de Lausanne s’est exprimé publiquement dans LE TEMPS : « Dénoncer un abus au sein de la Fraternité saint Pie X, c’est accepter de la quitter ». C’est le cas d’un déscendant d’une vieille famille aristocratique du Valais, François de RIEDMATTEN qui aurait eu, selon le même organe de presse, « une vie dévastée par la violence d’Ecône ».

Nous signalons enfin que l’AVREF a reçu des témoignages de personnes choquées pour l’intrusion des prêtres de la Fraternité dans des vies familiales et des choix éducatifs qui posent le douloureux problème des gardes d’enfants quand une séparation se produit.

Un collectif de victimes de la FSSPX s’était créé entre temps en juillet 2022 se chargeant de donner la parole aux victimes d’abus « pour que la honte change de camp ». Nous vous en donnons ci-dessous le lien :

https://victimesfsspx.org/

La Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X ( sigle : FSSPX ), canoniquement nommée Fraternité des apôtres de Jésus et Marie, est une société de prêtres catholiques traditionalistes fondée en Suisse, dont le but est « le sacerdoce et tout ce qui s'y rapporte » ( principalement, de former des prêtres et de tenir des séminaires ). Elle a son siège à Menzingen, dans le canton de Zoug ( Suisse ), mais est aussi connue pour son séminaire basé à Ecône dans le Valais.

Fondée le 1er novembre 1970, cette société, dont les statuts avaient été reconnus et approuvés par l’évêque diocésain de Fribourg en 1970 à titre de « pieuse union », perd sa reconnaissance par l'Église catholique le 6 mai 1975. La décision de son fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, d'ordonner lui-même quatre évêques sans l'accord du pape Jean-Paul II, en 1988, a conduit à leur excommunication. La FSSPX est depuis lors en état de schisme sacramentel avec l'Église catholique : elle n'est en « parfaite communion » ni avec le pape ni avec l’Église où elle n'a aucun statut canonique tandis que ses prêtres « n’exercent pas de ministères légitimes ».

Marcel Lefebvre et ses disciples se considèrent comme « traditionalistes » tandis que pour beaucoup, ainsi que l'explique Émile Poulat, le mouvement est l'incarnation de l’ « intégrisme », dans un débat sémantique qui n'est pas tranché. Par ailleurs, les liens de la Fraternité avec l'extrême droite sont « notoires » en France et en Belgique. Plusieurs actions de ses membres, voire de ses institutions, ainsi que des prises de positions de ses dirigeants, ont suscité de vives polémiques.

Des négociations avec le Vatican en vue de la réintégration de la communauté dans le giron de l'Église catholique ont amené à la levée de l'excommunication des évêques en janvier 2009 par le pape Benoit XVI, sans que cela signifie le retour à la pleine communion de la FSSPX qui doit reconnaître l'autorité du pape et du Concile Vatican II. En octobre 2012, constatant le refus des autorités lefebvristes de reconnaître l’entière validité du magistère du concile, Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi marquait la fin des discussions, sans que les contacts soient irrémédiablement rompus, car un lien restait entretenu au sein de la commission pontificale Ecclesia Dei.

L'AVREF avait été mise au courant par divers organismes de faits problématiques liés à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ( faits de pédophilie dans des écoles de la Fraternité, avec jugements en cours, prescription dans certains cas ). Puis d'autres sortes de témoignages décrivant les pratiques coercitives d'un milieu très fermé sur lui-même, où les familles en viennent quelquefois à préférer la position de la communauté à l'écoute de leurs enfants. 

Le présent Livre Noir ne s'est pas suffi des témoignages directs, mais profite aussi de documents et témoignages transmis par d'autres sites, après vérification, afin de donner un tableau plus complet des situations. 

Il apparaît une institution où le financier a autant d'importance que la doctrine, ce qui peut être commun. Mais sachant l'attachement à la doctrine, cela peut faire peur. Et où, comme dans tout milieu fermé et jugeant de haut le reste du monde ( dont du reste le reste de l'Église ), les affaires de mœurs ou même criminelles, toujours critiquées quand elles sont à l'extérieur, sont étouffées quand elles sont en interne. Et où les victimes, évidemment ignorées, se trouvent exclues de ce qui a été toute leur vie leur société, leur famille, leur milieu identitaire.

Aymeri Suarez-Pazos, ancien président de l’AVREF

Télécharger ici le Livre Noir FSSPX 2019