Rêver L’Eglise Catholique

En milieu catholique, on entend souvent cette déclaration lapidaire : « Pour moi, oui à Jésus Christ, non à l’Eglise ». Tout en respectant la position de personnes trop blessées ou trop déçues pour pouvoir dire autre chose, je ne partage aucunement cette opinion. Je n’imagine pas être chrétien sans l’Eglise, et même sans l’Eglise catholique dont j’estime qu’elle est la meilleure forme d’Eglise possible. Baver contre l’institution pour se réfugier dans la qualité des personnes qui composent le groupe n’est pas non plus mon attitude. A toute époque, l’Eglise a plus progressé par ses saints et ses prophètes que par ses papes, ou encore que certains de ces derniers ont aussi été prophètes et saints. On ne peut tout attendre de l’institution, mais on ne peut pas non plus ivre sans elle. La piloter doit être horriblement difficile. J’ose dire que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi d’être élu au siège de Rome.

Plutôt que dire oui au Christ et non à l’Eglise, je serais plutôt tenté de dire oui à l’Eglise et non à la sacristie – que les sacristains veuillent bien m’excuser ce raccourci ! Par « sacristie », j’entends tout ce qui cantonne l’Eglise à s’occuper de ses questions internes, avec ce que cela comporte de poussière et de racornissement. Il revient à l’Eglise d’être un bâtiment de plein vent, où tout ce qui a du souffle a sa place, où l’on ne craint pas de  perdre quelques tuiles parce que la tempête est forte.

Il revient à l’Eglise d’élever une voix prophétique au sein d’un monde toujours tenté par l’égoïsme, le pouvoir et le profit financier. Elle n’a pas seulement à être la demeure de prophètes individuels, mais à être un groupe prophétique, un peuple prophète, pour parler comme Moïse répondant à Josué qui voulait limiter la prophétie à quelques-uns (Nombres 11,29). Il arrive qu’elle le soit, certes. Dans les chapitres qui précèdent, on a pointé des domaines dans lesquelles elle livre au monde un véritable message prophétique, par son discours social, par les associations caritatives qu’elle fonde et soutient, par son appel à honorer la dimension spirituelle de l’existence, par les tâches de suppléance qu’elle assume. Elle ne l’est pourtant pas suffisamment, et il y a d’autres domaines dans lesquels elle semble tellement passéiste et crispée qu’elle provoque des réactions de blocage : une morale sexuelle pleine de tabous, une anthropologie terriblement datée, un déploiement de fastes indécent, une gouvernance autocratique et quasi monarchique.
L’Eglise catholique ne tire pas suffisamment partie de son génie. Son organisation collégiale autour du Saint Père, le primus inter pares, est une chance exceptionnelle dans laquelle on peu voir l’œuvre de l’Esprit.

Eric de Beukelaer
Quand l’Eglise perd son âme
Réflexions sur les erreurs, fautes et péchés… commis au nom de l’Eglise au cours de son histoire
Editeur : Fidélité, collection « avant propos », 2011
ISBN 978-2-87356-489-6

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