La Famille Missionnaire Donum Dei condamnée au tribunal correctionnel d'Épinal

Condamnation pour travail dissimulé


En plein milieu du mois d’août la condamnation de la Famille Missionnaire Donum Dei qui « emploie » (si l’on peut se permettre d’utiliser ce terme) les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée, les « TM », a provoqué un choc indéniable. 

Après le tsunami provoqué en France par le rapport de la CIASE, ce jugement du tribunal correctionnel d’Épinal rappelle utilement à tous que dans la liste des « abus » commis dans les communautés religieuses, il n’y a pas que les dérives sexuelles qu’il faut prendre en compte.

Une quinzaine de titres de presse s’en sont largement fait l’écho… et la décision de justice a également alimenté les conversations jusqu'à Ouagadougou où les TM furent les premières jeunes filles de pays lointains recrutées et « formatées » par l’abbé Marcel ROUSSEL-GALLE, l’inventeur de cette entreprise dont la rentabilité est garantie par l'absence de vrais salaires.


Photo : Mufid Majnun, Unsplash

Dans son édition du 10 août 2018, le quotidien Vosges Matin révèle que l’association qui gère les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée (TMI) s’est vue saisir 950 000 €.



La Famille Missionnaire Donum Dei, comme on pouvait s’y attendre, a annoncé qu’elle faisait appel de la condamnation prononcée à son encontre par le tribunal correctionnel d’Epinal le 16 août 2022. Des cas très similaires, notamment celui de Catherine TISSIER avec l’Opus Dei, ou celui de l’Office Culturel de Cluny servent de jurisprudence et devraient permettre de clore au plus vite et au mieux cette procédure que la FMDD cherche à faire durer. Pendant ce temps, en jouant les prolongations, elle peut en effet continuer à exercer ses activités en France, notamment à Marseille, en profitant du changement de statut canonique décidé par Mgr AVELINE.



En effet il est deux points que cette procédure pour travail dissimulé n’a pas abordés car la justice civile ne peut pas traiter tous les délits. Nous  souhaitons donc les mentionner.


Le premier est celui de la dérive sectaire avec culte du fondateur : il nous faudra reprendre le dossier  à charge remis à la CIASE pour démontrer les abus liés à ce culte dans les différents restaurants « Eau vive », et particulièrement au cours de la formation des jeunes recrues dispensée dans le diocèse de Besançon dont l’évêque feint de ne pas avoir été informé. Il faudra également dénoncer l’étrange rite initiatique (fiançailles, épousailles) contraire au droit canonique mis en place par l’abbé Marcel ROUSSEL-GALLE. Le problème de la destination des fonds détournés devra également être à nouveau soulevé, ne serait-ce que celui des caisses pourboires qui ont toujours été confisquées, détournant ainsi la générosité de nombreux pèlerins persuadés que leurs contributions étaient remises aux travailleuses.


Le deuxième  est celui qu’a bien fait ressortir Me Julie GONIDEC, l’avocate des parties civiles mandatée par le Comité Contre l’Esclavage Moderne (CCEM), quand elle a souligné le caractère « transnational » des abus. Ce sujet de l’esclavage moderne qui était sous-entendu dans sa brillante plaidoirie requiert malheureusement de nos jours, une grande économie de moyens puisqu’il suffit à l’employeur de confisquer les papiers de l’intéressé(e) travaillant hors de son pays d’origine pour le (ou la) placer dans un système de dépendance très efficace. 




Ce risque d’abus sur lequel nous avons reçu des témoignages méritera un suivi particulier dès lors que l’on évalue environ aux 2/3 de leur effectif, soit environ 200 personnes, les TM dont les services sont utilisés hors de France. A ce sujet une de nos correspondantes qui a exercé des responsabilités sociales et associatives importantes pour le compte de personnes abusées nous écrit fort justement :

« Le drame dans cette affaire c'est que ce qui n'est plus possible en France : faire travailler gratuitement ces femmes, est devenu une nouvelle pratique dans les pays étrangers où elles sont établies et qui ne sont pas regardants au sujet des règles sociales et salariales. Leur savoir-faire est bien au point ! Elles sauront montrer patte blanche en France car elles se sauront surveillées, mais que pourront faire celles qui voudraient porter plainte à l'étranger? ».

Notre correspondante pense donc, comme la plupart de nos lecteurs, qu’il n’est plus possible de faire travailler gratuitement les TM en France. Il n’en est rien malheureusement en raison d’un changement de statut canonique concocté de longue date à Marseille qui a transformé ces laïques en religieuses et ce tiers-ordre en congrégation par un coup de crosse épiscopal bien asséné contre lequel, privées d’information objective, elles ne pouvaient rien opposer.


Mais revenons aux TM dans les pays étrangers : notre correspondante ne saurait mieux dire. En effet il s’agit bien d’un drame dont, tant à Rome qu’ailleurs, les responsables ecclésiaux sont restés jusqu’à ce jour les spectateurs impassibles. Imaginez par exemple le cas d’une jeune philippine mutée à Guadalupe au Mexique, où son travail missionnaire consiste à éplucher des légumes en cuisine.  Elle réalise qu’on lui a caché la vérité. Mais que peut-elle faire ? Où peut-elle aller pour se sauver ? Faut-il en chercher la cause dans la destination occulte de la masse salariale qui n’a jamais été versée ?

En France l’AVREF a pu aider des TM qui avaient pris la fuite et les aider dans leurs démarches de retour à une vie normale. Elle le peut encore, et l’aide aux victimes est le rôle principal de notre association tel qu’il est défini dans nos statuts. Les TM qui s’étaient échappées du carcan ont eu la chance également sur le territoire métropolitain de recevoir l’aide de la MIVILUDES, ainsi que d’autres associations qu’il convient de citer :

  • la CIMADE pour les démarches administratives, 
  • l’APRC (Association pour une Retraite Convenable) pour les cotisations sociales, 
  • SOLIDARIETAS TM pour les retrouvailles des anciennes, 
  • le Comité Contre l’Esclavage Moderne (CCEM) pour l’aide juridictionnelle, et 
  • le CLPS, Cercle Laïque pour la Prévention du Sectarisme.

Cette conjonction de soutiens, ce partenariat leur a permis de s’en sortir, de refaire surface. Mais sur un autre continent (Afrique, Amérique Latine,…) quelles aides au départ pourront-elles trouver ?

Elles sont piégées.



Les médias font écho de la condamnation de la Famille Donum Dei pour travail dissimulé

ReCaptcha

Ce service de protection de Google est utilisé pour sécuriser les formulaires Web de notre site Web et nécessaire si vous souhaitez nous contacter. En l'activant, vous acceptez les règles de confidentialité de Google: https://policies.google.com/privacy

Google Analytics

Google Analytics est un service utilisé sur notre site Web qui permet de suivre, de signaler le trafic et de mesurer la manière dont les utilisateurs interagissent avec le contenu de notre site Web afin de l’améliorer et de fournir de meilleurs services.